F. Tshisekedi plaide pour l’augmentation des DTS du Fmi à 33 milliards USD

* Quant à la lutte contre la Covid-19, le Chef de l’Etat congolais suggère que le vaccin soit fabriqué en Afrique.

Rideaux hier mardi 18 mai, sur les travaux du sommet de Paris sur le financement des économies africaines. Dans la déclaration finale, les participants ont estimé que la priorité absolue est de vaincre la pandémie de Covid-19.  Les Chefs d’Etats africains présents à ces assises, ont appelé le Fonds monétaire international à mettre à leur disposition une allocation générale de Droits des tirages spéciaux (DTS) de 33 milliards de dollars américains destinés à augmenter les avoirs de réserves des pays.

Saluant cette rencontre de la capitale française, le Chef de l’Etat congolais et Président en exercice de l’Union africaine (UA), a par ailleurs, souhaité l’augmentation des droits de tirage spéciaux à 33 milliards de dollars pour soutenir les économies africaines, renseigne depuis Paris, Christian Lusakweno, patron et Envoyé spécial de Top Congo Fm.

« C’est une grande opportunité pour l’Afrique et nous remercions intimement le Président Emmanuel Macron, pour nous avoir donné cette opportunité de venir voir dans quelle mesure on peut lever des fonds pour sauver l’Afrique qui a été très durement frappée par cette pandémie qui a laissé nos économies exsangues. Car, nous avons dû consacrer   le peu de moyens que nous avions à nous protéger contre cette maladie. Aujourd’hui, il est question de voir dans quelle mesure nous pouvons relancer nos économies  et, il y a cette proposition de Droits de tirages spéciaux que nous apprécions énormément mais qui, malheureusement, risquerait de s’avérer insuffisants« , a déclaré le Président rd congolais.

Selon Félix Tshisekedi, l’Après-Sommet de Paris consistera à voir dans quelle mesure les dirigeants africains pourraient obtenir l’augmentation des DTS pour le continent. « Au dîner qui nous a été offert par le Président Emmanuel Macron, nous avons visé le cap de 100 milliards de dollars américains. Ce ne sera pas l’objectif poursuivi, mais c’est déjà ça. Ensuite, nous devrions aussi voir au niveau de l’Afrique, comment nous pourrions à notre niveau, au niveau des communautés économiques régionales, proposer une sorte de filet de protection financier qui pourrait nous aider à faire face aux crises de ce genre« , a renchéri Félix Tshisekedi.

URGENCE SANITAIRE ET ECONOMIQUE

Pour le Chef de l’Etat français, la grand’messe de Paris a été une réunion extrêmement importante. 

« Ce sommet de Paris sur le financement des économies africaines, a été à nos yeux le sommet de l’urgence et de l’ambition. Sommet de l’urgence, parce qu’il y a urgence sanitaire. L’Afrique est l’un des continents le moins vacciné au monde. L’urgence économique et sociale, la directrice générale du Fmi, Mme Kristalina Georgieva l’a dit, le Président Félix Tshisekedi l’a rappelé aussi, il y a aujourd’hui un ralentissement très fort de la croissance partout en Afrique depuis l’année 2020, extrêmement difficile et il y a besoin de financement entre aujourd’hui et 2025 qui est estimé à environ 285 milliards de dollars américains« , a expliqué l’actuel locataire de l’Elysée.

Par ailleurs, Emmanuel Macron explique que le sommet de Paris a été une rencontre de l’ambition parce que l’Afrique a tout pour relever les défis. Ceux de l’urgence climatique et alimentaire en particulier.

« Ici, collectivement, nous décidons en effet, de proposer une nouvelle donne. Et, c’est cette première pierre que nous souhaitons porter lors de ce sommet de Paris. Tout ne sera pas réalisé aujourd’hui. Néanmoins, c’est aujourd’hui un changement de paradigme que nous puissions poursuivre au niveau de G13, G20 et que nous entendons poursuivre davantage sous la présidence française de l’Union européenne« , a ajouté le Président Emmanuel Macron. 

Et d’ajouter : « Ce sommet répondait à une priorité que nous avons identifiée dès le début de la pandémie, nous en avons discuté ensemble il y a un peu plus d’un an, nous étions d’ailleurs tous les trois dans ce même sommet qui avait présidé à la décision d’ACTA, répondre au choc que représente la Covid-19 pour le continent africain. Au fond, l’épidémie de Covid-19 pour le continent africain, c’est une urgence, évidemment d’abord sanitaire, compte tenu de la fragilité des systèmes de soins primaires, compte tenu aujourd’hui de la lenteur de la vaccination parce que les doses n’arrivent pas.« 

Par ailleurs, Emmanuel Macron juge le sommet de Paris comme « une urgence économique et sociale, compte tenu de la très grande difficulté à décider des mesures contraignantes pour faire face au virus, là où l’économie informelle est si importante, où les échanges sont si structurants pour la vie économique, la création d’opportunités parfois, simplement, l’impossibilité de s’alimenter. Et compte tenu des conséquences économiques de la crise.

 » Nous l’avons largement dit, l’épidémie de Covid-19  va avoir, a d’ores et déjà et aura de manière sûre, un impact massif sur l’économie du continent africain cette année, après l’année prochaine et sans doute pour les années à venir, bien supérieur à toutes les crises précédemment connues. Je reprends la crise financière que nous avons connue, il y a dix ans. Les estimations, et je pense qu’elles sont plutôt de minorant  à la réalité, sont autour 300 milliards de dollars américains de besoin de financement entre aujourd’hui et 2025 pour l’Afrique. Et comme je le disais, c’est sans doute un peu plus« , prévient Macron.

En même temps, le Président français pense que l’Afrique est en capacité de relever nombre de défis. « Je pense, en tout cas, c’est ce qui est ressorti de toutes nos discussions. Ce moment peut être une chance à saisir pour enfin, répondre à d’immenses défis que nous ne voulions pas au fond, totalement relever les années précédentes. Faisons comme si de rien n’était, continuons avec des règles auxquelles nous étions habitués, les programmes pensés il y a des décennies qui n’étaient plus adaptés. Donc, l’objectif de ce sommet pour nous était double : apporter des réponses de court terme et lancer une dynamique qui puisse véritablement créer ce new deal économique et stratégique avec le continent africain« , a-t-il expliqué au cours de la conférence de presse sanctionnant la clôture du sommet. 

LES TROIS GRANDS  ACQUIS

« (…)Et, je crois que sur ces deux volets, nous avons réussi aujourd’hui à avancer. Alors, on ne change pas en un jour et en un sommet, la vie ni du continent africain ni de la relation entre l’Afrique et le reste du monde. Mais je crois que les discussions d’hier soir (ndlr : la soirée de lundi 17 mai), la préparation qui avait présidé aux travaux et la discussion très longue de tout cet après-midi (ndlr : hier mardi) ont entrainé une prise de conscience collective de changement d’état d’esprit et de lancement d’une dynamique profonde« , se réjouit Emmanuel Macron.

Pour répondre aux défis, les participants au sommet de Paris, ont d’abord décidé, à court terme, la  consolidation de  ce qu’ils avaient obtenu ensemble. A savoir, le moratoire sur les intérêts et les principales de la dette détenue par les pays du G20 sur 2020 et 2021. Ensuite, la consolidation d’un nouveau cadre commun pour la restructuration des dettes.

« Trois pays se sont présentés : le Tchad, l’Ethiopie et la Zambie. La finalisation des travaux pour le Tchad, d’ici à la fin du premier semestre 2021 était réaffirmée. C’est un élément-test pour la crédibilité de ce cadre commun qui va permettre une nouvelle restructuration des dettes et qui surtout, pour  la première fois, permet de le faire avec les créanciers autour de la table. Et, comme pour le moratoire sur les intérêts et les principales de la dette G20, pour la première fois, vous avez l’Europe, les Etats-Unis et la Chine, ensemble, qui décident de traiter de leurs relations en Afrique. Ce qui est structurant. Dans le cadre de cette restructuration de la dette, l’avancée du sommet d’hier et de la conférence sur le Soudan étaient évidemment un acquis très important de ces deux jours. Nous avons réussi à régler tous les problèmes d’arriérés qui étaient la condition de possibilité pour lancer une nouvelle dynamique pour le Soudan qui, entre mai et fin juin, sous les auspices du FMI, permettra une restructuration de la dette pour laquelle la France a pris hier ses engagements« , a expliqué Macron. 

« Ensuite, le troisième grand acquis, c’est l’émission des Droits de tirage spéciaux : 650 milliards de dollars américains. Cette émission de DTS va permettre de déclencher l’impulsion qui, au fond, permet à la Communauté internationale, au FMI d’apporter ce que l’Afrique n’a pas aujourd’hui, en comparaison avec les Etats-Unis, l’Europe, la Chine. C’est-à-dire un mélange monétaire et budgétaire qui, à court terme, permet de répondre à la crise« , a enchainé le Chef de l’Etat français. Pourvu que tous les engagements pris soient traduits en actes. Pourvu aussi que les dirigeants africains capitalisent les acquis de ce sommet au profit de leurs peuples.

Grevisse KABREL

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter