* »Je crois que le Président a beaucoup plus d’éléments pour pouvoir aller dans ce sens. MMais je pense qu’il avait d’autres possibilités que d’aller directement vers l’état de siège « , estime le leader de l’Envol.
Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a décrété l‘ »état de siège « dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu frappées par la violence des groupes armés et des massacres de civils. La décision du Chef de l’Etat a été annoncée vendredi 30 avril dernier par le ministre de la Communication et Médias, porte-parole du Gouvernement. Patrick Muyaya, rendant compte du Conseil des ministres le soir du même vendredi, a indiqué qu’une ordonnance doit encore détailler les modalités d’application de cet état de siège décreté dans les deux provinces.
« Le président de la République a informé le Conseil des ministres de sa décision de proclamer, conformément à l’article 85 de la Constitution, un état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri « , a déclaré Patrick Muyaya.
Réagissant à cette annonce au cours d’une matinée politique organisée le samedi 1er mai au quartier Badiadingi dans la commune de Selembao à Kinshasa, le leader de la formation politique ENVOL estime que le Président Tshisekedi avait d’autres possibilités plutôt que d’aller directement vers l’état de siège.
« Je crois que la situation sécuritaire dans la partie Est du pays, méritait qu’on prenne des dispositions. Maintenant est-ce que les dispositions qui ont été prises, sont les plus adaptées ? J’aurais fait quelque chose de différent si j’avais été en position de devoir décider. Je crois que le président a beaucoup plus d’éléments pour pouvoir aller dans ce sens mais je crois qu’il avait d’autres possibilités que d’aller directement vers l’État de siège« , a déclaré Delly Sesanga. Evidemment l’élu de Luiza dit avoir une recette, mais qu’il ne dévoile pas encore, préférant laisser le débat s’enrichir.
L’article 85 de la Constitution stipule que le Président de la République proclame « l’état d’urgence ou l’état de siège « lorsque des circonstances graves menacent, d’une manière immédiate, l’indépendance ou l’intégrité du territoire national, ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions « . Le texte ne s’arrête pas là. » Il en informe la Nation par un message « .
Au cours de la conférence de presse le jeudi 29 avril dernier, organisée à l’occasion de la visite du président du Conseil de l’Union européenne à Kinshasa, le Chef de l’Etat avait indiqué qu’il préparait » des solutions efficaces qui permettraient de résoudre de manière définitive cette crise de l’Est « .
Des jours plus tôt lors de son séjour parisien, Félix-Antoine Tshisekedi avait demandé au président Emmanuel Macron l’aide de la France pour éradiquer, dans le territoire de Beni, les Forces démocratiques alliées (ADF), des rebelles islamistes ougandais, responsables de tant de massacres des civiles à répétition dans cette partie du Nord-Kivu.
Lors de l’investiture de son Gouvernement à l’Assemblée nationale le lundi 26 avril dernier, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde parlait déjà de l’état d’urgence à l’Est du pays, avec notamment, le remplacement de l’administration civile par l’administration militaire.
Des enfants interpelés
A Beni, la police aurait interpelé certains enfants qui ont manifesté pendant une semaine devant la mairie pour exiger la présence sur place, du Président de la République pour mettre fin à l’insécurité et le départ de la Monusco, accusée de ne rien faire face à l’activisme meurtrier des groupes armés.
Pour l’élu de Luiza, cela est « inacceptable et inhumain « . » Arrêter les enfants en pleine manifestation, les enfants sans armes et qui n’ont posé aucun acte de violence est inacceptable, inhumain même et ne devrait être toléré par aucun camp politique. C’est pourquoi nous exigeons la libération de ces enfants qui n’exigeaient que la paix « , a-t-il indiqué.
Delly Sesanga fait savoir qu’il avait proposé une loi lors de la législature passée, autorisant les enfants à manifester. Une loi qui n’avait pas été votée.
« Dans la loi que Joseph Kabila n’avait pas voulu signer, j’avais proposé que les enfants avaient des droits comme les autres citoyens sur un certain nombre de sujets comme celui-là, avoir le droit de manifester. Je crois que c’est un abus d’autorité que pouvoir aller jusqu’à ces extrêmes, ces enfants n’ont commis aucune infraction « , a fustigié le président de l’Envol.
A Selembao, l’Envol a organisé sa matinée politique pour « faire le procès de 31 ans de démocratie de la RDC « . » Nous voudrions savoir quels sont les progrès qui ont été réalisés, et quels sont les problèmes « , a indiqué Sesanga. A l’occasion, le leader de l’Envol a axé sa communication sur le thème : « Concilier la démocratie et la société « , destiné à éveiller davantage la conscience de la population pour mieux l’impliquer dans la gestion de la res publica.
Didier KEBONGO