Autant le préciser tout de go . Le triomphe que Lubumbashi, deuxième ville du pays , a fait au chef de l’Etat ne s’explique pas que par le réflexe légitimiste. Sur les terres katangaises , en effet , habitent depuis fort longtemps des pans importants de la base sociologique de l’UDPS. Dans les grandes villes du Katanga, » Notre Fatshi national « est dans son écosystème .
S’invite ensuite l’aimant officiel qui fait qu’ avant-hier , hier , aujourd’hui et demain , le pays légal mobilise et mobilisera à chaque visite du Président de la république. Ceux des Congolais qui ont été Zaïrois ont encore en mémoire les accueils extraordinairement chaleureux dont le Maréchal Mobutu était l’objet lors de ses virées dans le Zaïre profond .
Des ferveurs populaires à faire pâlir d’envie des dirigeants outre-Méditerranée et outre-Atlantique. Dans la plupart des cas, ce » vernis » d’enthousiasme s’obtenait au prix fort. Journée décrétée chômée et … payée », obligation pour les travailleurs, commerçants, élèves…de se ranger le long des principales artères pour ovationner frénétiquement le » Guide« . Au four et au moulin, le gouverneur jouait sa carrière.
Mobutu parti, ce » variant africain » a juste un peu muté sous l’effet de la démocratisation sans… démocrate. Mais, le fond survit aux différents régimes (de Kabila père et fils à Tshisekedi). C’est le fameux réflexe légitimiste.
On aurait, cependant, tort de réduire le pays réel aux foules qui chantent et dansent à la gloire du » Raïs « . Outre cette devanture peinte en couleurs vives, il y a bien l’arrière-boutique où le cœur n’est pas à la fête . Par bien des aspects, le spectacle -tout le monde il est beau, tout le monde il est content – ressemble au miroir aux alouettes. Car, un malaise profond traverse le Katanga. A Lubumbashi et son hinterland minier jusqu’à Kasumbalesa, des frictions intercommunautaires le disputent à l’insécurité sur fond de la sempiternelle misère.
Au Lualaba, le contrecoup de la mort par euthanasie du couple de façade FCC-CACH se décline en termes de tension permanente au sommet du pouvoir provincial. La vice gouverneure qui veut devenir khalife à la place du calife fait feu de tout » cobalt » en jouant au plus » Fatshiste » que moi, n’existe pas. L’encore Gouverneur et ses nombreux soutiens semblent payer leur retard dans la transmutation qui a vu l’essentiel de gouverneurs troquer sans état d’âme la vareuse estampillée kabilie contre celle aux griffes du moment : Fatshi-béton.
Problème, à Kolwezi où le chef de l’Etat sera ce jeudi, ce combat pour le gouvernorat est un poison contre la paix sociale. Là aussi, la devanture légaliste et l’existence de l’excroissance de la base sociologique de l’UDPS s’avéreraient cet arbre d’enthousiasme délirant qui cacherait la forêt de frustrations. Sensible aux conflits et aux crises qui couvent sur le Continent, le Président en exercice de l’Union africaine devrait laisser la place au Garant de la cohésion nationale pour aller au-delà des réjouissances conditionnées.
Car, la longue et riche jurisprudence sur les tournées présidentielles renseigne que les guirlandes de la devanture » légalo-légitimiste » empêchent souvent de voir espaces de pauvreté et d’entendre les pleurs et cris de détresse émanant de l’arrière-boutique. José NAWEJ