Un deuxième imam, engagé contre le radicalisme de l’Islam, a été tué par balles, le mardi 18 mai. à 10 km de Beni, dans l’Est de la RDC. Djamal Moussa qui avait à ses côtés l’un de ses fils, a été abattu par deux hommes en moto, non loin de son domicile, alors qu’il revenait de la prière du soir. C’est le deuxième imam tué, après un premier froidement abattu le 1er mai courant, toujours à Beni.
Cheikh Moussa Djamali, imam de la mosquée de Mavivi, à 10 km de Beni, a été tué par balles alors qu’il sortait de la prière du soir. Une information confirmée par le maire de Beni, Donat Kibuana et le représentant de la Communauté islamique du Congo (Comico) à Beni, Cheik Mustapha Machongani.
MEME MODE OPERATOIRE
L’assassinant de cet imam se produit trois semaines après celui le 1er mai, d’un autre responsable musulman de Beni, Cheikh Ali Amin, président de la Communauté islamique et chargé des cultes de cette ville.
« C’est le même mode opératoire qu’avec Cheikh Aliamin tué début mai, le tireur a visé la tête« , a souligné le représentant de la Comico.
L’imam représentant la communauté islamique à Beni, cheikh Ali Amin, a été tué d’une balle dans la tête samedi soir 1er mai en pleine prière à la mosquée.. C’est vers 19 heures que ce prédicateur musulman, qui a récemment été entendu par les renseignements militaires, a été tué, selon le maire de la ville de Béni, Modeste Bakwanamaha.
Les deux meurtres se produisent dans un contexte d’insécurité généralisée dans la partie orientale de ce pays d’Afrique centrale, particulièrement au Nord-Kivu et en Ituri.
ETAT DE SIEGE
Fin avril, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé, fin avril, une réponse musclée : l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Avant l’entrée en vigueur depuis le 6 mai de ce décret gouvernemental qui a vu des gouverneurs militaires à la tête de l’administration de ces deux provinces.
Peu avant l’instauration de l’état de siège, cette situation a poussé les habitants de Beni à organiser au cours du mois d’avril des manifestations pour dénoncer l’insécurité marquée par les tueries orchestrées par des groupes armés, notamment les Forces démocratiques alliées (ADF). Ils sont présentés comme des rebelles musulmans ougandais installés dans l’est de la République démocratique du Congo depuis le milieu des années 1990.
Depuis 2019, plusieurs de leurs massacres ont été revendiqués par l’État islamique. Au moins 3 000 personnes ont été tuées dans des exactions attribuées aux ADF et des dizaines de milliers d’autres, déplacées, sur fond d’une grave crise humanitaire.
DEUX MISSIONS DE L’EGLISE CATHOLIQUE SUR L’INSECURITE
L’insécurité de l’Est du pays a également conduit l’Eglise catholique à mener deux missions dans les provinces de Nord-Kivu et de l’Ituri. A l’issue desquelles elle avait publié, en avril, un rapport sur l’insécurité dans l’est de la RD-Congo et la manière dont elle est analysée et vécue par les populations sur place.
Le 3 mai, l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), a remis, au nom de cette structure et de l’Association des conférences épiscopales d’Afrique centrale (Aceac), un plaidoyer au président de l’Assemblée nationale de la RDC, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga sur la situation des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Le but était de fournir des informations aux députés pour leur mission parlementaire prévue dans ces deux provinces.
Par ailleurs, le 6 mai, Mgr Melchisédech Sikuli Paluku, évêque de Butembo-Beni, dans le Nord-Kivu, a interpellé le président congolais sur la situation de ses diocésains. « En vertu de ma charge pastorale et de ma mission prophétique, j’en appelle, une fois de plus, au chef de l’État comme garant des institutions de la République, de faire absolument tout ce qui lui incombe, devant le peuple et devant l’histoire, pour que l’autorité de l’État, comme garant de la paix et de la sécurité des citoyens, soit définitivement restaurée dans l’est de notre pays « .
Après ce deuxième meurtre, il y a lieu de se demander qui en veut aux imams et ses motivations dans cette partie du pays en proie à l’insécurité. D’autant plus que le 2ème imam assassiné était influent et écouté dans sa petite communauté. À de nombreuses reprises, il alertait les médias et les autorités sur le mouvement et les exactions des ADF dans la région. C’est fort regrettable que des dispositions pratiques de sécurité à l’endroit de cet homme n’aient pas été prises pour éviter ce drame.
Kléber KUNGU