Seules 24 ambassades congolaises sur les 66 ont perçu les frais de fonctionnement !

Seuls vingt-quatre sur le total de soixante -six postes diplomatiques que compte la RD Congo, ont perçu leurs frais de fonctionnement, le loyer y compris. L’affirmation est du Secrétaire permanent du mouvement syndical Union nationale des travailleurs du Congo (UNATCO), faite au cours d’une rencontre avec la presse. Yvon Shimuna Kahumba, parce que c’est de lui qu’il s’agit, considère les fonds ainsi décaissés comme une goutte d’eau dans l’océan, par rapport à l’enveloppe globale.

Le secrétaire permanent de l’UNATCO va encore plus loin dans ses affirmations. «Les conditions de vie des diplomates et du personnel local du ministère des Affaires étrangères congolais, vont de mal en pis. Cela nécessite une intervention urgente du Chef de l’État Félix Tshisekedi, en tant que premier diplomate», soutient-il.

Loin de lui l’intention de jeter de l’huile sur le feu, Yvon Shimuna dit plutôt être motivé par le souci de voir s’améliorer, les conditions de vie et de travail des diplomates congolais. Car, dit-il, «il y va de l’image du pays et de ses dirigeants à quelques niveaux de responsabilités. Secret de polichinelle, certains témoignages venus de l’extérieur du pays, font état de mauvaises conditions de vie et de travail de nombreux diplomates congolais dans leurs pays d’accréditation ».

Par ailleurs, Yvon Shimuna Kahumba n’a pas caché sa consternation à la suite du décès de quatre diplomates congolais en poste dont une dépouille seulement a été rapatriée à Kinshasa. Par contre,  les trois autres corps sans vie, poursuivent encore leur séjour dans les différentes morgues où ils avaient été admis. Raison : le pays n’aurait pas encore de moyens financiers nécessaires pour faire face aux différentes charges funéraires.  Moralité, les familles attendent et continuent le deuil dans un contexte de Covid-19, assorti de plusieurs restrictions.

MENACEES DE DEGUERPISSEMENT

Sans vouloir s’attribuer le rôle de porte-parole des diplomates congolais, Yvon Shimuna  dit inscrire son propos dans le cadre de son combat naturel. A savoir, le combat permanent pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs congolais, peu importe leurs secteurs d’activités. Rien d’autre.  Ainsi, en plus du non payement de frais de fonctionnement, le SP de l’Unatco, «larme» de douleurs  quand il apprend que «plusieurs ambassades congolaises seraient menacées de déguerpissement, pour cause de plusieurs mois d’arriérés de loyer». Ridicule !

Parmi les postes diplomatiques  menacés, le Secrétaire permanent du mouvement syndical susnommé, cite les ambassades de la RD Congo au Portugal, au Mozambique, au Kenya, en Tanzanie, au Burundi, au Rwanda, en Ouganda et en Libye». Dès lors, l’Unatco  pointe du doigt, les services de la Présidence de la République et du Gouvernement qu’elle considère être les principaux responsables de cette situation, Ô combien humiliante. Car, explique Yvon Shimuna,  «plusieurs correspondances contenant les désidératas de ces diplomates, transmis à la Présidence de la république et au Gouvernement, seraient restées lettre morte.

On apprend que certaines ambassades congolaises devraient recevoir leurs frais de fonctionnement à partir de la seconde moitié du mois d’avril en cours, s’il faut se fier aux propos de M. Jean-Louis Kayembe, coordonnateur du Comité de suivi de la paie des agents et fonctionnaires de l’État. Intervenant le samedi 10 avril sur les antennes de la radio privée TOP CONGO FM, ce dernier avait affirmé qu’ils avaient reçu l’ordre de procéder au payement des frais de fonctionnement des écoles de Kinshasa et des provinces et qu’ils allaient également, dès le lundi 12 avril, commencer à payer certaines ambassades.

A tous égards, la situation dans la plupart des ambassades de la RDC est à l’image même du pays.  Lorsque la ministre sortante des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, déclarait que les représentations diplomatiques de la République démocratique du Congo étaient sous menace de déguerpissement, faute de non-paiement de huit mois de loyer, ce n’était pas pour divulguer le secret du confessionnal.

La ministre des Affaires étrangères du premier et dernier Gouvernement de l’ex-coalition FCC-CACH, avait plaidé non-coupable, soutenant que le problème avait été bel et bien posé aux instances habilitées. «J’ai présenté le dossier au Premier ministre, mais sans trouver de solution», avait déploré l’has-been cheffe de la diplomatie congolaise,  Marie Ntumba Nzeza.

Vu de nombreux observateurs, la mauvaise situation que traversent nombre d’ambassades congolaises, est la conséquence inéluctable de l’instabilité institutionnelle qui caractérise le pays, après le «divorce», en décembre dernier, du   Président Félix Tshisekedi d’avec son prédécesseur Joseph Kabila. Car, affirment des sources, après la déchéance du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba et de son tout son Gouvernement en janvier dernier, a eu pour effet d’emasculer  la source d’ordonnancement attitrée des dépenses publiques.

Rachidi MABANDU

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