* En plaçant l’un de ses 3 dircaba à la tête de ce nouveau ministère, Fatshi se serait-il débarrasé proprement de ce dernier ?
L’avènement d’un nouveau gouvernement en RD Congo, le lundi 12 avril, reste encore le sujet d’actualité le plus commenté au pays. Dans différents forums sur les réseaux sociaux, les commentaires n’ont ni cesse ni fin. Si certains internautes discutent sur la taille du gouvernement (56 membres) qu’ils considèrent excessif, à cause du coup financier en termes de frais d’installation, d’autres échangent systématiquement sur l’effectivité de ce nouvel Exécutif national, vu sous le prisme de la qualité de ses membres.
A plus d’un aspect, le Gouvernement sorti lundi dernier, le tout premier mis en place après la rupture de l’ancienne coalition FCC-CACH, présente quelques particularités. Les plus notables sont le nombre de femmes estimé, en termes de proportions, à 27 %. Un record jamais réalisé jusqu’ici, quand on compare avec le nombre de femmes dans tous les gouvernements qui se sont succédé avant l’arrivée au pouvoir en janvier 2019, de l’actuel Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, fils de son père.
Une autre spécificité, tient également aux figures des membres qui composent ce Gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde. Pour une si rare fois, on trouve en RD Congo, un Exécutif composé à près de 80% de nouvelles têtes. Entendez par là, des figures pas très connues de la classe politique. Ce qui semble constituer une sorte de rupture avec une certaine tradition à laquelle les Zaïrois d’hier, aujourd’hui Congolais, ont été habitués pendant plusieurs décennies.
A la décharge du Président Félix Tshisekedi, les Congolais n’auront donc plus à entonner leur traditionnel « hymne de déception« , chanté après la sortie d’un gouvernement, selon lequel « On prend les mêmes et on recommence »!
KOLONGELE EBERAND, « SELF-MADE-MAN »
Au-delà de tout, l’innovation apportée dans l’équipe du successeur du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, est l’introduction d’un nouveau Portefeuille. A savoir, le ministère en charge du Numérique, attribué à Kolongele Eberande Désiré Cashmir, l’un des trois directeurs adjoints du cabinet du Président Félix Tshisekedi.
Ainsi, lorsqu’aura sonné l’heure de la remise et remise dans différents ministères, le patron du Numérique congolais se rendra à son bureau, clefs à la main. Tout à l’honneur du ministre Kolongele Eberande Désiré Cashmir qui n’aura personne avec qui procéder à la remise et reprise, parce qu’étant le premier à inaugurer ce nouveau ministère. En véritable self-made-man, cet ancien directeur adjoint du cabinet du Président Félix Tshisekedi devra donc s’inventer. Pour ne pas dire qu’il sera fils de ses œuvres!
VIVEMENT UNE DELIMITATION DE PERIMETRE DE COMPETENCES
Cependant, si ce nouveau ministère a le mérite d’attester le certificat d’initiation de la RD Congo au numérique, il se pose néanmoins, un réel problème en termes de son fonctionnement. « Quel sera donc, le champ d’action du ministre nommé à la tête de nouveau ministère »? Voilà la pertinente question que posent de nombreux internautes congolais dans leurs différentes plateformes d’échanges sur les médias sociaux.
Des lors qu’il existe un ministère de Poste, de Télécommunications et de Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication (PT-NTIC), les mêmes internautes estiment qu’il risquera de se poser un problème de chevauchement, de télescopage, en termes de champ d’actions ou de compétences entre Augustin Kibasa Maliba et Kolongele Eberande.
FATSHI SE SERAIT-IL DEBARASSE DE SON DIRCABA
D’ores et déjà, des Kinois, soutiennent, non sans brin d’humour, que le ministre du Numérique aura dans son job description, « la gestion des administrateurs des groupes WhatsApp en foisonnement Constant, et autres Télévisions créées sur Youtube, et qui sont devenues un véritable nouveau phénomène observé dans le paysage médiatique congolais« .
Considérant cette difficulté à cerner clairement, le domaine de compétences de Kolongele Eberande, des observateurs pensent que la nomination de ce dernier à la tête de ce nouveau ministère, est une manière courtoise, pour le Président Félix Tshisekedi, de se « débarrasser » proprement de son directeur de cabinet adjoint qui doit, désormais, s’« inventer » afin de donner âme à ce portefeuille ministériel.
DIRECTEUR DE CABINET INTERIMAIRE PENDANT PRES DE NEUF MOIS
Professeur à l’université de Kinshasa, avocat au Barreau de Kinshasa/Gombe, l’actuel ministre du Numérique est présenté comme l’un de très proches de Jean-Marc Kabund-A-Kabund, président intérimaire du parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Docteur en Droit de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Désiré Cashmir Kolongele Eberande est spécialiste du droit des affaires. Notamment, celui qui prévaut au sein de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Directeur de cabinet adjoint du Chef de l’Etat chargé des questions juridiques, politiques et administratives depuis le 25 janvier 2019, il est nommé, le 12 mai 2020 directeur de cabinet intérimaire du Président Félix Tshisekedi. Ce, en remplacement de son titulaire Vital Kamerhe, en prison depuis le 8 avril 2020. Le lundi 25 janvier 2021, le Chef de l’Etat signe une ordonnance portant nomination de son nouveau Directeur de cabinet, Guylain Nyembo. Par conséquent, Désiré -Cashmir Kolongele Eberande reprend ses fonctions de directeur de cabinet adjoint jusqu’au 12 avril 2021, date de sa nomination à la tête du ministère du Numérique. On ne peut que tenir les pouces.
Grevisse KABREL