Pr. J-C. Tshilumbayi: «La Monusco doit terminer les guerres créées en RDC avant de partir»

La revue Renaissance africaine a organisé, le samedi 24 avril, une conférence débat sur les enjeux du retrait définitif de la MONUSCO du territoire national congolais. Objectif, a précisé d’entrée de jeu le responsable de cette revue Freddy Mulumba, de dissiper les rumeurs et fausses informations qui pullulent au sujet de la présence des contingents onusiens sur le sol congolais.

Pour avoir une perception globale sur la thématique, la revue Renaissance africaine a sélectionné comme intervenants des scientifiques, des défenseurs des droits de l’homme, une militante et membre des différentes organisations des femmes et le directeur du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’homme (BCNUDH). Les conférenciers ont eu des avis partagés sur la problématique du retrait de la MONUSCO.

Pour sa part, Jean-Claude Tshilumbayi, professeur de Droit public international à l’Université de Kinshasa, a affirmé dans son intervention que le péché originel n’est pas seulement à situer dans la création de la Mission des Nations-Unies en RDC. Mais aussi, dans les germes même de naissance de l’Organisation des Nations-Unies (ONU). 

A la question du départ de la Monusco, ce professeur de droit pense qu’elle doit encore rester en RDC, le temps d’assurer ce qu’il a appelé «le service après-vente». Il s’agit, pense Jean-Claude Tshilumbayi, de rester terminer les guerres qu’elle a créées sur le sol congolais et d’éradiquer tous les groupes armés dont elle a facilité l’entrée et l’existence en RDC.

«Les Nations-Unies ont créé les guerres au Congo. Elles doivent les terminer. Nous devons nous montrer exigeants. Il s’agit d’une guerre créée par les Nations-Unies. La Monusco devrait rester pour terminer ses guerres avant de partir. Elle doit les terminer sous la supervision de l’armée congolaise», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, ce professeur des universités pense qu’à l’heure actuelle où l’on n’est pas dans un contexte d’affrontement entre plusieurs armées sur le sol congolais, la MONUSCO n’a pas plus raison d’être neutre. Elle doit s’africaniser et permettre que ses contingents soient commandés aujourd’hui par des généraux congolais, a-t-il précisé.

De son côté, Nicole Kavira, membre de plusieurs réseaux de femmes, a présenté un tableau sombre du bilan de la MONUSCO en RDC. Elle a demandé aux autorités politiques d’autoriser le départ immédiat de cette mission des Nations-Unies du sol congolais et d’envisager des stratégies pour faire venir d’autres forces.

«Les Casques bleus ne font rien dans notre pays. C’est pourquoi nous demandons aux autorités d’autoriser leur retrait définitif. Nous recommandons également aux autorités politiques congolaises de procéder par une purge des FARDC qui sont actuellement très infiltrées», a-t-elle plaidé.

Pour Nickson Kambale, avocat et membre de l’ong Centre pour la Gouvernance, le péché originel n’est pas seulement à situer dans la création de la MONUSCO, mais aussi dans la recommandation de l’accord de Sun City en lien avec la création d’une armée structurée et intégrée qui, selon lui, n’a jamais existé au-delà des apparences.

Dans sa réaction, le directeur du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’homme (BCNUDH), Abdoul Aziz Thoiye, a affirmé que la Monusco n’a nullement l’intention de rester indéfiniment en RDC. Il a souligné le rôle joué par cette mission dans l’unification de la RDC après les élections de 2006.

Abdoul Aziz a, cependant, reconnu le caractère légitime des manifestations menées par les Congolais réclamant le retrait définitif des Casques bleus de la Monusco du territoire national congolais dans la partie Est du pays et à Kinshasa. Il a affirmé que des études sont régulièrement menées pour améliorer les insuffisances.

«Il était très rare de voir les Congolais de Kinshasa manifester contre les massacres à l’Est. Aujourd’hui cela se fait. C’est très positif. Nous devons le saluer. Il s’agit des activités que nous considérons comme étant légitimes. Protester, manifester est légitime. La Monusco n’a nullement l’intention de rester indéfiniment en RDC», a-t-il déclaré.

Pendant le débat, les participants, pour la plupart des militants des mouvements citoyens, ont exigé le départ immédiat des forces onusiennes du territoire national congolais.

Patron du magazine Renaissance africaine, Freddy Mulumba a appelé à la prise de conscience de l’élite congolaise. Il a précisé que cette conférence-débat avait pour objectif de dissiper les rumeurs autour de la présence des troupes onusiennes en RDC.

Orly-Darel NGIAMBUKULU

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