Place aux ressortissants de…

Un classique en RDC. Au lendemain de la publication du gouvernement, jaillissent deux phénomènes ou épiphénomènes. C’est selon.

D’une part, le procès en représentativité régionalo-ethnico-tribale. L’acteur politique qui ne se retrouve pas au sein du gouvernement crie à l’ostracisme à l’encontre  de son entité sociologique. Cela va du secteur à la province en passant notamment par le territoire. Les réseaux sociaux, les rédactions, les plateaux télé sont inondés de communiqués dénonçant la marginalisation ou la sous-représentation de tel ou tel autre ethnie, territoire ou province.

Sous couvert de revendication communautaire, il s’agit dans la plupart des cas des démarches liées à des équations individuelles ou des postures carriéristes des hommes ou femmes politiques. Le territoire, la tribu ou la province ne servant souvent que de paravent au positionnement ou au repositionnement politique. Une fois que l’on a obtenu gain de cause, la question de représentativité ne se pose plus.

Certes, le caractère représentatif d’un gouvernement est autant une exigence démocratique qu’un impératif d’unité nationale et  de cohésion sociale. Dans un pays aussi pluriel, le Gouvernement devrait refléter dans la mesure du possible la diversité nationale.

 Il serait, cependant, illusoire d’imaginer une équipe gouvernementale qui comprendrait tous les groupes ethniques ou tous les 145 territoires du pays. A moins d’opter pour un gouvernement de plus de cent membres ! Même alors, d’autres revendications liées aux antagonismes au sein des territoires surgiront.

Au demeurant, on est déjà loin des catégories de représentativité politique qui induisent que ce soit la majorité -au sens électoral du terme – qui forme le gouvernement. Ce vernis-là résiste difficilement  à la « géopolitique » bien de chez nous. 

Le Gouvernement Sama ne saurait faire exception. Déjà, des voix s’élèvent pour s’insurger contre la surreprésentation de certaines provinces et la sous-représentation, sinon carrément l’absence d’autres régions. Ce concert de protestation ira crescendo. Ce serait même une façon de monter les enchères dans la perspective du partage des entreprises publiques.

 Symétriquement, la même série « les ressortissants de… » va faire florès. Mais, dans l’autre sens. Des proches réels ou putatifs des heureux promus vont entrer dans la danse. Au figuré comme au propre. Une pluie de messages de félicitations frappés du sceau de « ressortissants ou originaires de … » va tomber sur la ville concurrençant ainsi la flotte de fin de saison qui arrose de plus en plus régulièrement Kinshasa.

Après ce flot d’annonces très intéressées, viendra le tour des réceptions. En somme, il s’agit des stratagèmes- stratégies vu des initiateurs- pour conditionner « Son Excellence ». Les organisateurs de ces réjouissances espérant le retour de l’ascenseur. Ces pratiques frelatent, dévoient  la vocation même de la fonction ministérielle.

Nommé pour mettre en œuvre des politiques publiques à l’échelle nationale, le ministre se voit enclin à n’incarner que sa coterie ! Bonjour le népotisme, le tribalisme, le clanisme et le régionalisme. Des vices qui infestent la sphère gouvernementale depuis des lustres. De sorte que le patois entendu dans les couloirs du cabinet renseigne sur l’origine du ou de la ministre.

« Guerrier en chef » autoproclamé, Sama Lukonde saura-t-il mener la guerre contre cette antivaleur ? Réponse dans pas longtemps.

José NAWEJ

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