Encore un procès en illégalité. Un de plus. Un de trop. Surtout un de plus paradoxal en ce qu’il concerne l’instance judiciaire habilitée justement à juger de la constitutionnalité des lois et des actes législatifs. Quand l’élection du Président de la Cour constitutionnelle est qualifiée d’illégale par un constitutionnaliste, par ailleurs cadre du parti présidentiel. C’est qu’au minimum, il y a problème.
En l’occurrence, pourquoi n’avoir pas attendu le tirage au sort prévu ce mois d’avril aux fins de renouvellement partiel de la composition de la Cour ? A raison de trois membres devant provenir respectivement de l’institution Président de la république, du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature. Renouvellement partiel au -dessus de tout soupçon.
Dans un pays où on prend tout son temps pour procéder à des nominations dans la haute sphère étatique, cette précipitation est d’autant plus difficilement compréhensible que la désignation du candidat du Parlement était dans le pipeline.
Dans un écosystème lexical où « l’illégalité » trône -à tort ou à raison- sur le podium depuis des lustres, avait-on encore besoin de donner l’impression de prendre une fois de plus des libertés avec les textes en vigueur ? Au point de produire un véritable oxymore avec des juges constitutionnels, obligés de se prononcer sur la légalité de leur…acte.
Comme si cela ne suffisait pas, d’autres magistrats de renom font remarquer que l’heureux élu- dont la compétence n’est nullement en cause- n’est pas magistrat de carrière. Or, le Président de la Cour constitutionnelle est ipso facto président du Conseil supérieur de la magistrature.
Bien malin qui pourrait cependant trancher cette énième controverse. Tout sauf une sinécure dans un pays où chacun plaide pour sa chapelle. Difficile sous les tropiques congolaises où la science infuse fait de tout le monde spécialiste de tout.
N’empêche qu’un énième procès dans le sempiternel méga- procès en illégalité nous est né ! Cette fois-ci, ce sont ceux-là même dont le job sent la légalité à mille lieues qui sont en cause.
C’est à croire que l’élection du numéro 1 de la Haute cour charrie l’illustration grandeur nature du proverbe inspiré de Montaigne selon lequel » les cordonniers sont les plus mal chaussés « .
José NAWEJ