Lamuka : conjurer l’ambiguïté

Lamuka aile Kinshasa et Lamuka/ L’shi-Gemena. Enième dédoublement. Enième scissiparité. Rien de nouveau sous les tropiques zaïro-congolaises. Le landerneau politique -pas seulement – ayant le don de valider cycliquement, en lui donnant une seconde jeunesse, la citation de l’historien athénien Thucydide (460 av. J-C) selon laquelle l’histoire est un perpétuel recommencement. Lamuka allonge la liste déjà extraordinairement longue des partis ou regroupements politiques ayant connu la scissiparité.
Le hic dans le cas d’espèce réside plutôt dans l’ambiguïté dans laquelle se vautrent consciemment ou inconsciemment les deux ailes rivales du regroupement genevois. Lamuka, plateforme politique de l’opposition ou du pouvoir? Vraie question. Interrogation cruciale.
Se refusant à faire le deuil de la présidentielle de 2018, Martin Fayulu préfère s’installer dans un ni- ni, façon Mitterrand qui ne facilite pas la lisibilité de sa démarche. Se considérant comme « président élu » mais non proclamé tel quel par des institutions compétentes, l’ex-candidat Lamuka rechigne à se poser clairement en opposant au pouvoir incarné par Félix-Antoine Tshisekedi, aujourd’hui bien plus qu’hier du temps de la coalition FCC-CACH .
Voilà que, précisément, le FCC resté fidèle à Joseph Kabila entreprend de s’engouffrer dans la brèche créée par le positionnement ambigu de Lamuka. Avec très bientôt cette question : qui de Lamuka aile Fayulu -Muzito et du FCC incarnera l’opposition à la majorité préemptée par Fatshi ? Là, ce n’est qu’un versant de l’ambiguïté.
L’autre face de l’équivocité, de l’ambivalence ou, pour le coup, du flou-artistique ? tactique ? – est à trouver dans Lamuka branche L’shi-Gemena.
Ce n’est même plus un secret de Polichinelle, le duo Katumbi-Bemba ne fait plus mystère de sa connexion avec l’Union sacrée de la nation, la nouvelle majorité dont Félix-Antoine Tshisekedi est…l’autorité morale. Si ce concept très Kingakati fait « mauvais genre », notre Fatshi national est à l’USN ce que JKK est au FCC.
Questions au lushois Katumbi et au gemenéen Bemba : peut-on continuer à battre pavillon Lamuka même après avoir embarqué dans le bateau Union sacrée de la nation ? Comment concilier ces deux identités politiques ?
Il est vrai qu’avec son « en même temps », le Président français Emmanuel Macron a rendu le grand écart possible. Il est aussi vrai que l’opportunisme bien de chez nous peut faire que l’on porte plusieurs vestes à la fois. Quitte à exhiber et à s’exhiber avec celle que l’étiquette du jour exige.
Il n’en demeure pas moins que les deux chairmen devraient clarifier leur dialectique politique. Moïse Katumbi plus que Jean-Pierre Bemba.
Le leader d’Ensemble pour la République nourrissant- c’est légitime et c’est son droit le plus strict – un dessein présidentiel. Il n’a pas besoin de commander des enquêtes d’opinion, encore moins de sonder « son frère Fatshi » pour savoir que l’Union sacrée de la nation clonée ou presque à partir du FCC se met en place pour… la prochaine présidentielle. Pour un mouvement bonapartiste comme l’USN, pas la peine de rêver de primaires. Le candidat « plébiscité » dans le genre « Nzambe aponi yo » est connu d’avance.
Ce marigot-là ne saurait contenir deux crocodiles. Et Lamuka dans tout ça? A Moïse Katumbi de conjurer l’ambiguïté. Le plus tôt serait le mieux. Car, on ne sort de l’ambigüité qu’à ses dépens, dixit non sans raison le très multidimensionnel Jean-François Paul de Gondi. Avertissement sans frais de cet homme d’Etat, écrivain et religieux français du XVIIème siècle aux animateurs de deux ailes de Lamuka.
Jose NAWEJ

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