La Chine renforce la protection des données issues de la reconnaissance faciale

En Chine, les gens utilisent de plus en plus souvent la reconnaissance faciale dans la vie et le travail : pour déverrouiller le portable, vérifier l’identité de la personne et pointer les entrées au travail. L’utilisation de cette technologie est confrontée à des défis croissants, à savoir la protection de la vie privée et des données personnelles.

À titre d’exemple, des gens ont signalé au parquet de Cixi de la ville de Ningbo que certaines agences immobilières ont installé les caméras de reconnaissance faciale à leur agence et ont stocké les traits de visage des acheteurs qui seraient utilisés pour la comparaison et l’identification sans informer explicitement les acheteurs de la collecte des informations.

En octobre 2020, selon le Rapport 2020 sur l’utilisation de la reconnaissance faciale auprès du public publié par la Commission nationale de standardisation de la technologie d’information (NITS), plus de 90% de personnes interrogées ont utilisé la technologie de reconnaissance faciale et plus de 60% de personnes interrogées pensent qu’il existe de nombreux problèmes liés à la reconnaissance faciale : l’utilisation abusive ou forcée, et la collecte illégale de données.

La précaution que certaines personnes prennent vis-à-vis de la reconnaissance faciale s’explique d’une part par une attention croissante accordée à la protection de la vie privée, comme les données personnelles, à l’ère de l’Internet. Or, par rapport à d’autres données biométriques, les traits de visage sont plus facilement collectés de façon passive parce que le visage est exposé en plein air. D’autre part, par rapport aux données personnelles qui pourront facilement être modifiées, comme le nom d’utilisateur, le numéro portable et l’adresse mail, les données issues de la reconnaissance faciale sont uniques et non modifiables. Une fois les données collectées, les consommateurs ne savent pas si les entreprises pourront les garder de façon sécurisée pendant longtemps et éviter tout abus par les malfaiteurs.

Il est donc extrêmement important de stocker les données de reconnaissance faciale en toute sécurité et d’utiliser les systèmes de reconnaissance faciale de façon raisonnable, et ce, avec le consentement du public.

D’autre part, la reconnaissance faciale joue un rôle important dans les services publics. Par exemple, durant le COVID, beaucoup de magasins, restaurants et immeubles de bureaux sont équipés d’équipements de reconnaissance faciale sans contact, qui peuvent contribuer à la lutte contre le COVID puisqu’ils sont capables d’identifier les visages et de prendre la température avec une haute précision. 

Dans une base de données avec 300 000 visages consignés, le taux d’exactitude de la reconnaissance faciale pour les personnes portant un masque peut atteindre 90%, selon le Rapport 2020 sur le secteur de reconnaissance faciale en décembre 2020. Cela signifie que la reconnaissance constitue désormais un atout non négligeable. Il ne faut pas la gérer avec une solution unique sans faire la différence entre les différentes situations. Ce rapport a été initié par la NITS. Il a été rédigé conjointement par plusieurs entreprises et institutions.

Comment assurer la sécurité des données ? En octobre 2020, un projet de loi sur la protection des informations personnelles publié par la Commission des affaires législatives du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale a établi des règles spécifiques sur l’installation des appareils de reconnaissance faciale dans les lieux publics : l’installation des appareils de collecte d’images et de reconnaissance d’identité doit répondre à la stricte nécessité de défendre la sécurité publique et respecter les règles nationales en la matière. Il faut aussi installer des signaux d’alerte notables. Les images personnelles et les données à caractère personnel collectées ne peuvent qu’être utilisées pour défendre la sécurité publique et ne doivent ni être montrées publiquement, ni fournies à autrui.

De nombreuses villes chinoises ont promulgué des politiques définissant « la ligne rouge » de la collecte des données personnelles comme la reconnaissance faciale. En octobre 2020, le (projet de révision) du Règlement de services de gestion immobilière de la ville de Hangzhou a interdit clairement aux prestataires de services de forcer les propriétaires à utiliser les équipements communs par les données biométriques comme les empreintes digitales et la reconnaissance faciale. La ville de Tianjin a mis en œuvre le Règlement sur le crédit social à partir du 1er janvier 2021, qui interdit publiquement la collecte de données de visage pour la première fois en Chine.

L’utilisation de la reconnaissance faciale pourra être bien régulée au fur et à mesure que les lois, les règlements et les normes s’améliorent. Elle pourra continuer à jouer son rôle en protégeant la sécurité des données et sans violer le droit à la vie privée, selon les experts.

Wang Jingyue, journaliste de l’édition d’outre-mer du Quotidien du Peuple

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