Kinshasa a signé, la semaine dernière, la Charte de prévention contre la Covid-19 en milieu de travail du secteur informel. Le ministre provincial des Finances, représentant le chef de l’Exécutif de la ville de Kinshasa, la directrice pays du Bureau international du travail et des mandants tripartites de l’OIT composé du gouvernement provincial, des organisations professionnelles d’employeurs et celles de travailleurs ont tous apposé leurs signatures sur ce document visant, entre autres, à protéger les travailleurs du secteur informel à la pandémie et atténuer ses effets par une protection sociale.
Tous reconnaissent que le risque d’exposition professionnelle à la Covid-19 dépend de la probabilité d’entrer en contact étroit ou fréquent avec des personnes susceptibles d’être infectées par le coronavirus et de la probabilité d’être en contact fréquent avec les surfaces ou des objets contaminés. D’où, la nécessité d’évaluer les risques d’exposition à la pandémie en vue de planifier des mesures de prévention dans les milieux de travail.
Pour mettre en œuvre cette Charte de prévention, « il est essentiel que chacune des parties prenantes joue son rôle. C’est pourquoi, l’État doit assurer le suivi et le contrôle de la mise en œuvre des mesures de prévention du covid-19 au travers des agents locaux, communaux et d’une police nationale y compris ses services spécialisés de santé et de protection de l’enfance« . Et la présente charte veut que « les employeurs puissent faire appliquer les gestes barrières sur les lieux de travail et promouvoir l’hygiène, la sécurité et la santé au travail« . Aux travailleurs d’organiser des séances de sensibilisation adaptées aux travailleurs du secteur informel pour le respect des gestes barrières et autres mesures de santé publique édictées par les autorités urbaines, provinciales et gouvernementales ainsi que de plaidoyer pour la protection sociale de tous les travailleurs.
En RDC, le bureau pays de l’OIT a mis en place un projet à court terme dénommé « Appui à la mise en place de réponses immédiates pour faire face à l’impact de la crise du covid-19 sur les acteurs du secteur informel à Kinshasa« , a déclaré, à cette occasion, la directrice Aminata Maiga. Selon cette fonctionnaire, « le socle de l’action du BIT pour le maintien d’une bonne santé au travail se décline en trois objectifs« . « Il s’agit du maintien et la promotion de la santé des travailleurs et leur aptitude au travail, l’amélioration des conditions et du milieu de travail pour assurer la sécurité et la santé au travail et l’adoption de systèmes d’organisation du travail et de cultures d’entreprises qui reflètent les systèmes de valeurs adoptés par une entreprise donnée« .
Pour atteindre ces objectifs, le bureau pays de l’OIT a ainsi mis en œuvre un plan de travail bâti sur trois piliers qui sont la réduction de l’exposition au virus et des risques de propagation par la sensibilisation aux risques et la promotion des pratiques de prévention contre le covid-19 ainsi que la mise en place des mesures de conformité des marchés pour la prévention de la propagation du covid-19. Mais aussi, la détermination des besoins en financement du secteur informel et l’élaboration des textes pour le fonds d’appui et réduction et prévention des dommages causés au tissu économique et la préservation de l’emploi. Ainsi, Aminata Maiga a fait savoir que son bureau a mis en place une méthodologie de travail qui devait lui permettre d’avoir une situation réelle de l’opinion et des faits dans le secteur informel. Selon une étude, plus de 90% des acteurs dans les marchés urbains, les grands carrefours et le transport en commun ne respectent pas les gestes barrières.
Ce constat, a expliqué Aminata Maiga, a permis au bureau pays de l’OIT de concevoir des activités de sensibilisation en partenariat avec les organisations professionnelles d’employeurs et de travailleurs actives dans le secteur informel. Ce, avec la participation des acteurs dudit secteur en qualité des pairs éducateurs après avoir renforcé leurs capacités sur la covid-19, la sécurité et la santé sur le lieu de travail. Des campagnes de communication sont en train d’être mises en place par tous les canaux pouvant permettre d’atteindre les cibles.
Mathy MUSAU