*Le mérite de la démarche de Lamuka est d’avoir rejoint le camp de réveil patriotique, au moment où l’Union sacrée se bouscule encore pour le partage du pouvoir à Kinshasa.
Le Présidium de Lamuka, conduit par Martin Fayulu et Adolphe Muzito, projette »une marche de solidarité avec les compatriotes de l’Est » le samedi 24 avril prochain sur toute l’étendue du territoire national. Cette marche est organisée pour dire »Non au génocide du peuple congolais et non à la balkanisation de la République démocratique du Congo ».
Selon un communiqué de presse diffusé par cette plateforme de l’Opposition et dont une copie a atterri à la rédaction de »Forum des As », cette manifestation, organisée conjointement avec d’autres formations politiques et de la Société civile, partira de Masina Pascal à l’Esplanade Triomphal. Les organisateurs promettent de »marcher dans le strict respect des gestes barrières ».
C’est dans ce contexte que le Secrétariat général de »Nouvel Elan’‘, sous l’impulsion d’Adolphe Muzito, a écrit au Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, pour l’informer de l’organisation de cette marche. C’est du moins ce qu’atteste une correspondance de ce parti, émise le 16 avril dernier et dont une copie est parvenue à »Forum des As ».
Une initiative tombée à point nommé
De l’avis des analystes, cette initiative de Martin Fayulu et d’Adolphe Muzito tombe à point nommé. Surtout en ce moment où des mouvements de révolte sont signalés à l’Est du pays, en signe d’indignation face à l’avalanche des massacres perpétrés à la barbe des autorités et des forces onusiennes.
Déterminés à descendre dans la rue, les deux leaders de Lamuka tâchent de donner de l’écho au cri de cœur de ces populations meurtries depuis plus de deux décennies. « Tel est le mérite de leur démarche, quoiqu’elle soit sous-tendue par des calculs politiciens », commente un observateur.
La marche annoncée intervient exactement aux lendemains de l’opération « Dix jours sans activités à Beni et Butembo », initiée par les mouvements citoyens « Veranda Mutchanga » et « Lutte pour le Changement » (LUCHA), porte-étendards du réveil patriotique en RDC. Cette grève, qui a paralysé les deux villes du Nord-Kivu du lundi 5 au mercredi 14 avril, avait pour objectif de pousser les autorités à se focaliser davantage sur la situation de ces contrées où les populations sont massacrées à l’arme blanche à longueur de journées. Aussi visait-elle d’interpeller la Monusco, accusée de rester passive, pendant les attaques meurtrières.
Le curseur sur l’Est
La marche de Lamuka est signalée aussi aux lendemains des messages des évêques catholiques du Congo qui appellent la classe politique à s’abstenir de tout »glissement » à l’approche du scrutin de 2023, tout en conviant ces leaders politiques à ne plus rester indifférents aux drames des populations de l’Est.
C’est quasiment en réponse à cet appel que les deux leaders de Lamuka, restés en dehors des institutions, ont tenu à se positionner en se montrant solidaires à leurs compatriotes. D’après leurs proches, Fayulu et Muzito ont mis le curseur sur l’est du pays menacé de balkanisation, au moment où nombre de leaders politiques de la majorité au pouvoir, terrés à Kinshasa, se bousculent encore pour le partage des postes et s’adonnent à torpiller la stabilité des assemblées et des gouvernements provinciaux… au bon plaisir des tireurs des ficelles. Une position, bien entendu, qui attire aux deux leaders de Lamuka la sympathie des Congolais des massacres à grande échelle à l’Est du pays.
Yves KALIKAT