Le mandat du Président Kabila se termine le 19 décembre 2016 et, selon les textes, des élections doivent avoir lieu trois mois avant. Mais le fait de conditionner l’élection au recensement révolte certains Congolais qui estiment que c’est aller vers un retard de la date du prochain scrutin et de la présidentielle. Pour ces Congolais très sceptiques, c’est un glissement garanti et une prolongation du mandat de Joseph Kabila.
Pour empêcher le président Joseph Kabila de s’éterniser au pouvoir, les membres du Comité laïc de coordination (CLC), une organisation pro église catholique, ont décidé d’organiser des actions des rues contre le pouvoir en place, et obtenir que ce dernier organise les élections générales conformément à la Constitution.
Répondant à l’appel de l’épiscopat catholique du 23 juin 2017– intitulé « le pays va très mal, debout Congolais ! » – le CLC avait mis des milliers des Congolaise dans la rue le 2 décembre 2017. Dès le 28 décembre, quelque trois jours avant la marche, huit des responsables du CLC étaient entrés en clandestinité, après l’émission d’un mandat contre eux.
Mais ils n’ont pas abandonné le combat. Depuis leurs cachettes, ces intellectuels, professeurs et activistes du CLC ont pu organiser une deuxième et une troisième marche (les 31 décembre 2017, 31 janvier 2018 et le 25 février). Les leaders du CLC, à savoir Professeur Ndaywel, Jonas Thsiombela, Léonie Kandolo, Gertrude Katembo… n’ont pas baissé la main dans leur réclusion.
A chaque fois les chrétiens catholiques et autres congolais qui sont contre un troisième mandat de Joseph Kabila et la modification de la Constitution partaient de leurs différentes paroisses pour se retrouver aux points de chutes convenus. Interdites par les autorités de Kinshasa, les trois marches réalisées avec des bibles à la main, des rameaux, effigies mariales et crucifix, étaient violemment réprimées par les forces de sécurité, qui usaient de balles réelles contre les protestataires.
Les meneurs de chaque paroisse étaient identifiés par les services de sécurité qui les traquaient jusque chez eux. Beaucoup de personnes sont enlevées et portées disparues.
Voyant cette répression, nombreux étaient obligés de quitter leurs quartiers pour se mettre à l’abri. Ils étaient traqués. «Nous sommes sans nouvelle de notre camarade, José Ibanga Howinda, connu comme celui qui mobilisait les jeunes gens ici sur la Route Mokali pour aller à ces marches. Et cela après la marche du 31 décembre 2017 », témoignent quelques militants dans ce populaire quartier Est de Kinshasa acquis depuis le régime Mobutu à l’opposition. José Ibanga Howinda, ingénieur électronicien de son état, était particulièrement fichier par la police et les services de renseignements. Sans dévoiler la destination, un des proches de l’ingénieur José Ibanga confie que « depuis cette dernière marche, usé par des menaces à répétition, les harcèlements et les pressions des autorités via les services de sécurité, Ibanga a décidé de quitter le pays. »
Selon des témoignages concordants, les numéros de téléphones des meneurs étaient repérés et mis sous écoute par les services de sécurité. Poursuivis par les autorités, ils ne pouvaient pas être évacués hors de Kinshasa par la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco)…
Des morts
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a présenté un rapport sur les violences lors des manifestations de l’opposition et des mouvements citoyens, entre avril et octobre, contre le maintien au pouvoir de Jospeh Kabila, dont le mandat a pris fin le 20 décembre 2016. L’étude menée par la CENCO fait état d’au moins 56 morts, dont 52 par balle, un(e) par gaz lacrymogène, et trois policiers tués par les manifestants ».
La CENCO a mis en cause les forces de l’ordre congolaises. «L’usage disproportionné de la force par la police et les autres services spécialisés de l’État est à la base d’au moins 98,67% des cas de violation des droits humains, alors que les manifestants sont responsables des actes de vandalisme (pour) 1,33% (des cas) », assure-t-elle dans le rapport. L’influent épiscopat catholique congolais a par ailleurs invité les manifestants à « éviter tout acte pouvant porter atteinte à l’ordre public ».
Il sied de rappeler que chaque fois que ces marches sont annoncées, les forces de l’ordre mettent en garde les manifestants, assurant qu’elles se montreraient inflexibles et disperseraient tout attroupement de plus de cinq personnes… Ceci explique cela.
Ces intimidations et actes de répressions ont créé un climat de terreur dans nombre de familles dont les membres ont été fichés et poussé à l’exil ceux qui n’en pouvaient plus.
FDA